Pourquoi la vidéo d’entreprise est (encore) sous-estimée
La vidéo reste, en 2024, l’un des leviers les plus puissants pour renforcer votre image de marque. Pourtant, beaucoup d’entreprises en France la réduisent encore à une case à cocher dans un plan de communication ou à un « bonus » marketing. Grave erreur.
Une vidéo d’entreprise bien conçue, bien ciblée et bien diffusée, c’est un outil d’influence redoutable. Elle dit qui vous êtes, ce que vous faites, comment vous travaillez, et surtout pourquoi on devrait vous faire confiance. Et elle le fait en moins de deux minutes chrono.
Mais pour qu’elle serve vraiment votre image – et ne finisse pas comme un spot gênant oublié sur votre chaîne YouTube – encore faut-il respecter quelques principes fondamentaux. On les voit ensemble ?
Clarifiez votre objectif avant d’allumer la caméra
Voulez-vous recruter ? Présenter vos produits ? Marquer un tournant stratégique ? Humaniser votre direction ? Un message fort = un objectif clair.
Exemple vécu : une PME industrielle voulait “valoriser son savoir-faire” dans une vidéo. En creusant, on a réalisé que le vrai besoin était de rassurer les donneurs d’ordres sur leurs capacités de production dans une période de croissance. Résultat : un film centré sur leurs équipes de production, leurs process qualité, et les témoignages clients. Message percutant. Nouveaux contrats à la clé.
Trop de vidéos d’entreprise tentent de tout dire… et ne disent rien. Choisissez un angle. Et tenez-le.
Ciblez (vraiment) votre audience
Une vidéo pour qui ? Si la réponse c’est “un peu tout le monde”, stoppez tout.
Une bonne vidéo parle à quelqu’un, pas à tout le monde. Adaptez ton, durée, scénario, diffusion au public visé :
- Clients B2B : attendez-vous à un ton sérieux, la mise en avant de bénéfices concrets, des chiffres, des preuves.
- Candidats potentiels : attendez-vous à une immersion dans votre culture d’entreprise, vos locaux, vos équipes, vos valeurs (les vraies, pas celles du site RH).
- Journalistes ou partenaires : misez sur la clarté stratégique et l’innovation. Montrez ce que vous apportez réellement dans votre secteur.
Vous n’iriez pas à un salon professionnel en jeans/claquettes. Ne montrez pas non plus une vidéo “générique”.
Soyez scénariste, pas spectateur
90 secondes, c’est court. Chaque seconde doit compter. On ne lance pas une caméra pour “capturer de l’ambiance”. On raconte une histoire, avec un début, une tension, un message-clé, et une fin.
La règle des “3 actes” du storytelling fonctionne aussi en entreprise :
- Acte 1 : Situez le contexte. D’où part-on ? Quel est le besoin, l’enjeu ou le défi ?
- Acte 2 : Montrez l’action. Vos équipes, vos outils, vos solutions en mouvement.
- Acte 3 : Clôturez fort. Ce que vous avez réalisé, ce que vous promettez, ce qui vient ensuite.
Et non, ce n’est pas réservé aux agences de brand content. Une vidéo tournée avec une équipe interne peut être ultra-efficace… si le scénario est solide.
Soignez la forme, mais pas au détriment du fond
Oui, les drones, la 4K, les slow motions, c’est beau. Mais ce n’est pas ça qui vend. On a tous vu une vidéo sublime… où on ne comprend jamais ce que fait l’entreprise. Pire, on l’oublie aussitôt.
Privilégiez la clarté. Une image stable, une bonne lumière, un son propre. Et surtout, un propos intelligible.
Et sur le montage : coupez tout ce qui ne sert pas le message. Ce n’est pas un clip d’artiste. C’est votre business qui parle.
Parlez vrai (et évitez les mots creux)
“Entreprise innovante, portée par des valeurs humaines fortes, tournée vers l’avenir”. Classique. Mais tout le monde dit ça. Montrez-le, montrez-le, montrez-le.
Un exemple ? Une entreprise de logistique a abandonné son énième discours “agilité + innovation” pour montrer simplement un exemple concret de traitement d’une commande urgente à 2h du matin, avec le témoignage du client et l’équipe mobilisée. Résultat : crédibilité immédiate. Et un vrai boost pour la marque employeur.
On ne vous demande pas d’être Hollywood. Mais d’être crédible. Le public pardonne une image imparfaite, jamais un bullshit trop parfait.
Impliquez les bonnes personnes
Rien ne ruinera plus vite une vidéo d’entreprise qu’un dirigeant mal à l’aise ou un collaborateur récitant un texte appris par cœur. Si les gens choisis ne sont pas à l’aise, ne le faites pas.
Conseil de terrain : faites des essais avant. Préparez les interventions en interview, posez de vraies questions, enregistrez en conditions réelles, et adaptez. Parfois, le directeur commercial prévu est beaucoup trop raide… et c’est l’assistante ADV qui crève l’écran. Il faut savoir s’adapter.
Planifiez la diffusion dès la conception
Une vidéo sans stratégie de diffusion, c’est comme un bon plat oublié dans le four. Dommage.
Pensez dès le départ à :
- La plateforme cible (LinkedIn ? YouTube ? votre Intranet ? un salon ?).
- Les durées nécessaires (version 90 sec, version 30 sec, extraits verticaux pour Instagram…)
- L’intégration dans un tunnel de conversion ou une campagne e-mailing.
Faites vivre votre vidéo. Relancez sa diffusion à intervalles réguliers. Intégrez-la dans vos signatures mail, vos réponses commerciales, vos offres d’emploi. Une bonne vidéo peut durer plusieurs années… à condition d’être exploitée.
Mesurez. Testez. Ajustez.
Comme toute action de communication, la vidéo d’entreprise doit générer de la donnée. Regardez :
- Combien de vues ?
- Quel taux de visionnage jusqu’à la fin ?
- Combien de clics vers votre site ou action souhaitée ?
- Quel feedback des prospects ou collaborateurs ?
Sur un projet client récent, une vidéo “Portrait d’équipe” a généré +40% de candidatures qualifiées dans le mois suivant sa diffusion sur Indeed et LinkedIn. Pourquoi ? Les gens ont vu les visages “derrière la machine”. Et ça a fait la différence.
Check-list opérationnelle avant tournage
Avant de lancer votre projet vidéo, un petit rappel pragmatique :
- Objectif défini et mesurable ?
- Cible bien identifiée ?
- Message principal validé ?
- Intervenants à l’aise ?
- Structure du scénario claire ?
- Format et durée adaptés à chaque canal ?
- Stratégie de diffusion prévue ?
- Indicateurs de performance définis ?
Si vous répondez non à l’un de ces points, retravaillez. Une vidéo mal préparée, c’est de l’argent et du temps gaspillés… sans retour.
Dernier mot (promis) : la vidéo ne remplace pas votre communication, elle l’illustre
La vidéo ne fera pas le job à votre place. Si votre positionnement est flou, votre organisation dysfonctionnelle, vos clients insatisfaits… aucun storytelling ne pourra le cacher longtemps.
Mais si votre stratégie est claire, vos équipes impliquées et vos valeurs authentiques, alors la vidéo devient votre caisse de résonance. À condition de la penser comme un outil stratégique, pas comme un gadget audiovisuel.
À vous de jouer. Et si vous voulez en parler autour d’un café (ou d’un scénario), vous savez où me trouver.