Pourquoi vous ne pouvez plus ignorer la licence d’une photo
Une image vaut mille mots. Mais elle peut aussi vous valoir mille euros d’amende si vous l’utilisez sans les bons droits. En entreprise, comme dans toute communication professionnelle (site web, réseaux sociaux, plaquette commerciale, newsletter…), chaque photo publiée doit être utilisée dans un cadre légal précis. Et ce cadre, c’est la licence. Trop de communicants sous-estiment encore l’enjeu. Jusqu’au jour où une mise en demeure leur tombe dessus.
Voici comment ne plus vous retrouver dans cette situation.
Comprendre ce qu’est une licence photo (et pourquoi ça vous concerne)
Une licence, en gros, c’est le contrat qui définit comment vous avez le droit d’utiliser une photo. Qui l’a prise, à qui elle appartient, ce que vous pouvez faire avec, dans quelles limites, pour combien de temps et sur quels supports.
Il en existe plusieurs types. Les plus fréquentes :
- Droits gérés : Vous payez pour un usage précis (support, durée, territoire). Très encadré, souvent cher, mais clair.
- Droits libres (royalty-free) : Vous achetez une image une fois, et vous pouvez la réutiliser autant que vous voulez (dans les limites du contrat). Moins restrictif, mais pas libre de droit malgré le nom.
- Creative Commons : Des licences gratuites avec des conditions spécifiques (mention obligatoire de l’auteur, usage non commercial, interdiction de modification… à vérifier selon le type de licence CC).
Et puis il y a le piège classique : croire qu’un visuel trouvé sur Google Images est automatiquement libre d’utilisation. Spoiler : il ne l’est pas. On reparlera plus bas d’où chercher.
Où trouver des photos avec les bonnes licences pour un usage professionnel
L’erreur la plus fréquente ? Taper « image corporate gratuite » sur Google et piocher dans les premiers résultats. C’est tentant, rapide, mais risqué. Voici trois options fiables.
1. Les banques d’images payantes (et sérieuses)
Si vous cherchez des visuels pro, sans stress juridique, il existe des plateformes spécialisées. Parmi les plus utilisées :
- Shutterstock
- iStock (par Getty Images)
- Adobe Stock
Vous y trouverez des photos avec des licences claires, souvent royalty-free. C’est un coût, certes, mais bien moins cher qu’un procès pour contrefaçon.
Exemple vécu : un client PME dans le BTP a utilisé une photo non achetée pour illustrer une campagne régionale. Résultat : courrier d’un cabinet d’avocat londonien mandaté par Getty Images, réclamation de 1200 €. Depuis, il a un abonnement Adobe Stock.
2. Les banques d’images gratuites (mais attention aux pièges)
Oui, il existe des photos gratuites utilisables en entreprise. Des sites comme :
- Pexels
- Pixabay
- Unsplash
Ces plateformes proposent des images sous des licences permissives, souvent sans obligation de crédit et réutilisables à des fins commerciales. Mais attention : le fait qu’elles soient « gratuites » ne vous dispense pas de lire les termes de la licence. Certaines restrictions persistent (interdiction de revente sous forme imprimée, d’utilisation dans un logo, etc.).
Astuce terrain : gardez une copie de la licence au moment du téléchargement. Ces conditions peuvent évoluer dans le temps, et vous n’aurez aucune preuve si un litige surgit trois ans plus tard.
3. Demandez (et obtenez) l’autorisation écrite
Parfois, vous tombez sur une photo idéale sur le site d’un partenaire, d’un influenceur ou d’un média. Si vous décidez de l’utiliser, faites simple : demandez une autorisation écrite (par mail suffit, avec le nom de l’auteur, la photo en question, et les conditions d’utilisation).
Pas de zone grise. Si l’auteur répond « oui » et que c’est documenté, vous êtes couvert. Si vous ne demandez rien : vous êtes en tort. Et ce n’est pas à vous de décider si « ça ira ».
Comment identifier la licence d’une photo – méthode rapide
Voici une check-list que j’utilise en formation avec mes clients :
- Provenance claire (banque d’image reconnue, site institutionnel, auteur identifié)
- Indication explicite du type de licence (CC BY 4.0, Rights Managed, etc.)
- Source datée et fiable (attention aux partages secondaires sur les blogs ou réseaux)
- Conditions contractuelles disponibles et lues (pas juste « image gratuite trouvée quelque part »)
Si vous ne trouvez aucune info sur l’auteur, la provenance ou les droits attachés à l’image… ne l’utilisez pas. Point.
Cas d’école : ce que j’ai vu dans mes missions
Un client dans l’univers du tourisme utilisait une photo d’un paysage de montagne en premier bandeau de son site web. Problème : cette photo, récupérée via Pinterest, appartenait à un photographe professionnel canadien très actif dans la défense de ses droits. Résultat : lettre d’avocat, menace d’action en contrefaçon, et facture salée pour régulariser à postériori. 800% du prix initial de la licence…
Un autre client, plus prévoyant, m’a consulté avant de lancer sa campagne RH. Il voulait utiliser une photo de salariés prise en interne. Oui, il avait le droit… mais il avait oublié un détail : le droit à l’image des personnes. Même en interne, il faut des autorisations écrites des collaborateurs reconnaissables.
Morale : avoir la bonne licence n’est que la moitié du chemin. Il faut aussi penser aux droits des personnes présentes sur la photo.
Bonnes pratiques à mettre en place en entreprise
Voici 5 réflexes à intégrer dans votre process de production ou publication de contenus visuels :
- Créez un dossier « sources images » dans le cloud d’équipe, avec les contrats/licences associés, numérotés et datés.
- Intégrez un check « licence OK ? » dans votre workflow avant mise en ligne de tout contenu visuel.
- Formez vos équipes, notamment les community managers, graphistes, et toute personne qui alimente les visuels (oui, même les stagiaires).
- Centralisez les accès aux banques d’images et limitez les téléchargements à des référents bien formés.
- Gardez une trace écrite de toute autorisation non standard (mail, capture de la licence, etc.).
Bonus : les outils pour vérifier la provenance d’une image
Vous avez une photo, mais vous ignorez d’où elle vient. Avant de l’utiliser, essayez cela :
- Google Images > Recherche inversée (via icône appareil photo)
- TinEye : outil spécialisé très pratique pour remonter une piste d’image
- Metadata2Go : lit les métadonnées d’une image (pas toujours présentes, mais parfois révélatrices)
Ces outils n’offrent pas de garantie juridique, mais ils peuvent vous aider à identifier l’auteur, le contexte de publication, voire la banque d’origine.
Ce qui compte, c’est la traçabilité
En communication d’entreprise, vous devez pouvoir justifier chaque image utilisée. Ce n’est pas une paranoia juridique, c’est juste se mettre à l’abri. Faire les choses proprement, c’est aussi une question de crédibilité.
Et si vous faites appel à des prestataires (graphiste freelance, agence web…), exigez qu’ils vous transmettent les preuves de licence pour chaque visuel utilisé. Jamais de « détente », surtout sur des projets à haute visibilité.
En résumé : ne partez jamais du principe qu’une photo est gratuite ou libre. Partez toujours du principe inverse. Et validez sa licence avant publication. Une culture de rigueur là-dessus vous fera gagner du temps, de l’argent, et de la tranquillité.
Besoin d’un modèle de clause à intégrer à vos briefs prestataires ou contrat RH interne pour droits à l’image ? N’hésitez pas à me contacter via le formulaire. Utiliser les bonnes photos, au bon endroit, avec les bons droits, c’est aussi ça, la communication pratique.